Tourné en 1959, film-culte de la Beat Generation, Pull My Daisy réunit la fine fleur littéraire, photographique, picturale et musicale de la contre-culture américaine : les poètes Allen Ginsberg, Gregory Corso et Peter Orlovsky ; les peintres Alfred Leslie, Larry Rivers, Alice Neal ; la comédienne française alors débutante Delphine Seyrig ; le marchand d’art David Bellamy jouant le rôle d’un évêque ; la danseuse Sally Gross ; le musicien David Amram et le photographe Robert Frank… Puis Jack Kerouac, auteur de la trame du film et du commentaire qu’il improvise sur des images déjà montées, ce commentaire intense et poétique qu’il scande de sa voix si profonde et si mélodieuse.
En dépit de sa réputation de totale improvisation, on sait que dans les faits, Pull My Daisy a été planifié et dirigé par ses deux réalisateurs, Alfred Leslie et Robert Frank. On se demande tout de même comment ils ont pu discipliner de tels acteurs… David Amram se souviendra que Robert Frank tentait de faire sérieusement son travail, mais que tous essayaient de le faire rire, et aussi que les indications de jeu données par Alfred Leslie étaient couvertes par le vacarme de la bande… C’est assurément là que se situe la « spontanéité » qui transparaît dans Pull My Daisy.
Le photographe John Cohen a été le témoin de ces journées passées à « cueillir la pâquerette » et ses photographies prises sur le vif rayonnent d’une joie communicative.
Cette traduction inédite du génial commentaire improvisé par Kerouac est complétée par une introduction de Patrice Rollet, professeur à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, et par un texte de présentation de Pull My Daisy suivi de deux entretiens menés avec Alfred Leslie et Robert Frank, par Jack Sargeant, auteur d’études de référence portant sur l’histoire des contre-cultures américaines ; textes de Jack Sargeant, traductions de Philippe Mikriammos, Sophie Yersin Legrand, introduction de Patrice Rollet, photographies de John Cohen, photos en n.b.
“Comme L’Âge d’or en son temps pour le mouvement surréaliste, Pull My Daisy demeure […] l’un des rares films à n’avoir pas galvaudé, formellement, l’esprit de liberté qui animait la Beat Generation, tout en en réunissant, avant qu’elle ne se disperse, la fine fleur littéraire, photographique, picturale et musicale poussant à la frontière de la culture américaine”. Patrice Rollet.