Algérie 1961
Raymond Depardon, âgé de dix-neuf ans, est envoyé en reportage par l’agence Delmas dans un pays en plein tumulte – ce sont les derniers soubresauts de la guerre d’indépendance algérienne. Le jeune photographe capture à vive allure ses images ; il en réunit une centaine, saisissantes. Il dit volontiers que sa conscience et sa sensibilité se sont forgées de manière décisive lors de ce voyage.
Raymond Depardon exhume ces photos (dont une partie a été publiée dans « Un aller pour Alger », Points, 2010), pour, dans un geste très fort et de grande générosité, les proposer aux éditions barzakh puis à Images Plurielles, deux maisons publiant de nombreux auteurs à la réputation internationale.
L’idée a germé que Raymond Depardon fasse un nouveau voyage en 2019 pour compléter avec un « post-scriptum » les photos de 1961. Ce qu’il fait du 15 au 24 septembre 2019. Il photographie Alger, toujours en noir et blanc, dans sa foisonnante contemporanéité. Il se rend également 5 jours à Oran, où il retrouve l’écrivain Kamel Daoud pour de longues déambulations dans la ville. Celles-ci se sont révélées si puissantes qu’il a été décidé d’en conserver une trentaine.
Kamel Daoud, enchanté par le projet, a écrit plusieurs textes.
Ils sont presque disjoints des photos, il s’agira de méditations ou de rêveries sauvages.
Si l’on reprend la distinction élaborée par Barthes, chère à Raymond Depardon : loin d’être des « textes-ancrage », ils seront des « textes-relais », autonomes par rapport à celle-ci, sans lien apparent avec elle, comme des textes « visions » ; photos en n.b.