Exemplaire Signé / Signed Copy.
“Je voulais décrire les gens avec qui nous avons partagé le quotidien.
Pour deux raisons :
Pour donner une photo comme empreinte des jours passés ensemble.
Et parce que les chambres étaient inondées d’une atmosphère lumineuse extraordinaire. La lumière métallique de l’altiplano se joignait à la terre du torchis. La lumière de la fenêtre illuminait le fond et celle de la porte se posait sur la peau tannée.
[…]
Des années après, je retournai à El Terrado.
À notre arrivée, après 8 heures de route, les femmes de la communauté étaient réunies avec leurs enfants.
À ce moment-là je décidai d’essayer de faire quelques portraits.
La femme qui dirigeait la rencontre traduisait mes mots en quechua, alors que j’essayais d’expliquer pourquoi je voulais prendre des photos.
L’assemblée accepta, à une condition : que je prenne d’abord une photo de mes compagnons, devant eux.
Réalisant qu’il ne leur était rien arrivé, une file d’attente s’est formée à la porte de la pièce qui avait été improvisée dans les mêmes conditions de lumière que les années précédentes.
Ils ont tous pris une photo, j’ai remarqué çla au fur et à mesure des sessions successives.
Au bout de deux heures, je n’avais presque plus de polaroïd.
Pour la plupart, c’était la première fois qu’elles se voyaient sur une image photo.
J’ai fait ces images il y a 18 ans. Je ne me suis jamais décidé à les publier.
C’est mon passeport d’entrée sur le continent.
Ces regards de ces mères avec leurs filles et leurs fils, frontaux, directs furent pour moi la confirmation que j’appartiens aussi à l’Amérique latine.” -extrait traduit du texte espagnol de Rodrigo Gómez Rovira (inclus en encart détaché dans le livret)